Elles sont trois: Louise Hull, Bethan Gorman et Sara Templeman. Jeunes, mais leur pop posée et mélancolique a la pureté d’un autre temps.
Au centre, une voix. Celle de Louise Hull, ronde et moelleuse, avec juste une pointe de tragique. En l’écoutant, on a l’impression de mordre dans une brioche encore tiède, parsemée de grains de sucre qui craqueraient sous les dents. Un délice.
La pluie, puis la nuit. L’occasion de faire un écart question anglophonie, et parler d’une artiste qui chante plus souvent en français qu’en anglais. Mais en réalité, ce n’est qu’un petit écart : mis à part les mots, tout sonne anglo-saxon dans ses morceaux. Le résultat d’une enfance passée en Amérique du Nord, à écouter Billie Holiday, les Beatles, ou encore Frank Sinatra.
Donc Claire Denamur fait de la chanson blues qui gratte. Armée d’une guitare sèche, elle pose sa voix grave, joliment éraillée (par la cigarette?), sur un accompagnement épuré qui laisse briller ses textes souvent mélancoliques. Sur son dernier album sorti l’année dernière, Vagabonde, elle raconte ses doutes, ceux des autres, nous questionne. Les morceaux, à la fois doux et violents, sont comme autant d’instantanés de vies ; c’est un peu comme si on observait une maison miniature, avec toutes ses pièces remplies de souvenirs. A écouter sur deezer: « 34 Septembre », « Le temps passé », « Daemon », « A Child », « Together »
Sur scène, Claire Denamur a la même énergie et les mêmes sourires qu’il y a quelques années, quand je l’avais vue en première partie de Renan Luce et que ses chansons étaient plus légères et enlevées, entre Dutronc et Rose (premier album sur deezer) . Mais en gagnant en maturité et en profondeur, elle a aussi ouvert la porte à une plus riche expérience émotionnelle pour son public : cette année, au Pont des Artistes, puis à la Gaîté Lyrique, cette enchanteuse à la voix de crin a fasciné.
Elle petite et menue, lui grand et massif. Elle dans les graves, lui les aigus. A quand un duo avec l’excellent Rover?
Géniale reprise des Cold War Kids « Hang Me Up to Dry »
Clip de « Rien de moi »
Et ici, « 34 septembre », superbe live à la Gaîté Lyrique.
Reprise de « La nuit je mens » de Bashung pour France Inter
Bailiff, c’est comme une plongée dans un Chicago où se mêleraient encore usines fumantes du siècle passé et gratte-ciels rutilants, symboles d’un tout nouveau capitalisme. Ce serait le Chicago souterrain, nocturne, sombre. Le Chicago des caves aux murs un peu sales, recouverts d’affiches, qui foisonnent et résonnent de musiques en tous genres…
Josh Siegel, Ren Mathew et Owen O’Malley font ce que j’appellerais du rock intelligent (et je ne dis pas ça parce qu’ils jouent aux échecs sur la photo). Grosses guitares, gros clavier, basse bien grasse… c’est du gros son, c’est sûr, mais écrit et enregistré avec subtilité. Et même si le groupe s’est formé récemment, il y a une impressionnante maturité dans leurs compositions et leur jeu. On est bien loin du pop/rock adolescent que certains s’acharnent encore à faire aujourd’hui! Seul petits bémols, le chant un peu trop classique (moins d’effets ne ferait pas de mal), et peut-être quelques longueurs sur certains morceaux.
Leur premier album, sorti en juin 2011, s’intitule Red Balloon. Il est noir, poignant. J’aime particulièrement: la piste d’ouverture « Cricket » et ses choeurs inquiétants, sa guitare qui pleure comme un violon et ses percussions sourdes, « Everyday Fire », à contretemps, « Eventually », balancée et entêtante, « Curtains », au rythme soul/hip hop et aux guitares qu’on jurerait entendre chanter, « Red Ballon », pause à deux voix avec un refrain tout à fait pop (j’aurais bien vu une voix féminine pour donner encore plus de relief). A écouter en intégralité sur le player ci-dessous.
Similarités avec: Hooray for Earth, These New Puritans, Empires, New York Rivals, Broken Bells
Je ne suis pas vraiment ce qu’on appelle une personne impulsive. Mais quand j’ai entendu cette voix en me promenant par hasard sur Queens Street Mall à Brisbane, qui transperçait le bruit des passants pressés, j’ai senti qu’il se passait quelque chose. On s’approche, et on découvre un guitariste pieds nus, entouré par une soixantaine d’oreilles attentives. Je récolte un flyer, découvre qu’il joue le soir même au Old Museum. Quelques heures plus tard, me voilà assise dans l’herbe, à manger un paquet de chips saveur barbecue, en attendant que les portes de la salle s’ouvrent.
Même s’il est la première découverte que j’ai faite sur le sol australien, Passenger est britannique. Mike Rosenberg de son vrai nom, il était en tournée par ici après avoir enregistré son album Flight Of The Crow en collaboration avec de nombreux artistes locaux. Sa performance était décontractée (pas comme les tenues de mes voisines, je me sentais un peu plouc avec mon short), pleine d’intéractions avec le public. On en apprend beaucoup sur lui entre les chansons, sur sa vie. C’est ce que j’aime chez lui. Il a beau chanter la réalité, il arrive à la transcender, si bien que ça devient un peu notre histoire à tous. Comme si on faisait tous le même voyage. Parce que nous sommes tous des passagers, en proie à cette envie de changement, de nouveaux horizons.
Passenger est passionné, et ça se voit. Quand il joue, il y met tout son coeur, tout son corps. Sa voix devient à elle seule un instrument à part entière, encore plus puissant en acoustique. On pense à James Blunt, mais en plus doux et moins criard, avec plus de « matière » à l’intérieur. On sent le désespoir et l’espoir, l’urgence, la fragilité. Ses paroles sont honnêtes et tendres, parfois humoristiques. La preuve que talent et modestie peuvent bien coexister…
Petit aperçu du concert du 19/02
Reprise de « Sound of Silence » de Simon & Garfunkel, fantastique.. Assemblée muette, silence religieux. Impossible de tenir mon appareil photo devant moi.
Le côté plus léger de la vie était incarné ce soir-là par les deux autres musiciens, Daniel Lee Kendall, joueur, et Old Man River, avec son accent américain et sa tête de baroudeur.
Originaire de Los Angeles mais résidant aujourd’hui à Boston, voilà un artiste qui saura vous faire oublier quelques instants vos tracas quotidiens. Une voix douce, légèrement féminine. Une guitare sèche. Un blues/folk reposant, épuré.